Saint Augustin

dimanche 16 juin 2013
par  Mr VARIN Eric
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Né le 13 novembre 354 à THAGASTE, l’actuel Souk – Ahras en Algérie, Aurélius Augustinus décèdera dans sa ville épiscopale d’Hippone, assiégée par les Vandales. Romain d’Afrique, il connaîtra la prise de Rome en 410 mais vivra aussi le siècle d’or du christianisme, qui a définitivement vaincu le paganisme et ses traditions.

 

Fils d’un petit propriétaire foncier, il suit un cursus traditionnel, acquérant une culture littéraire et une formation en rhétorique (dont il se souviendra, lorsqu’il deviendra évêque). Il ne découvre la philosophie, qu’à 19 ans (Hortensius de Cicéron), et sa philosophie, qu’il développera par la suite, reste uniquement l’œuvre d’un autodidacte. Devenu professeur, il occupe ensuite, à Carthage, l’emploi de rhéteur, avant de partir pour Rome. Grâce à ses connaissances, il obtient une chaire de rhétorique à Milan, alors capitale de l’Empire romain d’Occident. Si une carrière politique – en devenant gouverneur le tente - , il se fait baptiser et se convertit à l’âge de 32 ans. Pourquoi a-t-il attendu si longtemps avant de se convertir, alors que sa mère était chrétienne, et son père païen ? 

 

Comme beaucoup d’intellectuels, Augustin considérait la Bible comme un texte « Barbare », trop irrationnel, rendant la religion chrétienne comme une croyance pour incultes. Du reste, jeune rhétoriqueur à Carthage, il fut attiré par le manichéisme, dont la métaphysique pouvait attirer un esprit come le sien. (Les manichéens prônaient un ascétisme austère et difficile, afin de vaincre dans le tragique conflit entre le Bien et le Mal). Néanmoins, même la rencontre avec FAUSTUS, le grand théoricien de la secte, ne permit pas de le satisfaire. Enfin, Augustin vécut avec une femme depuis ses 17 ans, avec qui il eut un fils : ADEODAT. La rupture fut imposée non pas par sa conversion – même si pour Augustin, sa conversion imposait le renoncement à toute union charnelle – mais par sa mère, Monique, qui, un temps, espéra une belle carrière, dont cette union aurait pu être un obstacle.

 

Après la mort de sa mère, revenu à THAGASTE, il vend ce qui lui reste de l’héritage et groupe autour de lui quelques fidèles, avec lesquels il mène une vie monastique consacrée à la prière et à l’étude. (388-391). Il quittera cette vie contemplative à l’appel populaire des chrétiens d’Hippone, qui l’élirent pour aider leur évêque âgé et grec (ne parlant que très mal le latin) VALERE. En 395 – 396, Augustin devenait l’évêque d’Hippone et il le restera jusqu’à sa mort. Dans cette seconde ville d’Afrique, Augustin continua à vivre avec ses clercs une vie monastique, dont la règle fut à l’origine des nombreuses communautés de chanoines au Moyen Age. A cette époque, la structure ecclésiale reste centrée autour de l’évêque. Il devait, outre ses fonctions liturgiques, juger de procès civils, et son temps lui était précieux.

 

Dès sa prise de fonction, il se heurta au schisme donatiste, posé à l’Eglise d’Afrique. Suivant la grande persécution de DIOCLETIEN (début du IVème siècle), le parti donatiste regroupa les anciens résistants, qui jugeaient l’Eglise trop laxiste et érigea une Contre – Eglise, avec une hiérarchie parallèle. Prétendant être la seule Eglise des Purs et des Saints , le parti donatiste s’appuya sur un sentiment national en Afrique –devant l’aide officielle du pouvoir impérial à l’Eglise officielle- . Tentant d’abord de les convaincre et de les convertir, notamment à travers la conférence contradictoire de Carthage en 411, qui accueillit 286 évêques catholiques et 279 donatistes, Augustin fit ensuite appel à la force publique, et une répression violente et sanglante s’abattit sur le parti donatiste, qui ne disparut néanmoins pas entièrement.

 

Le conflit donatiste en voie de résiliation, Augustin dut lutter contre le moine Celestius, qui se réclamait de l’enseignement de Pélage. C’est à la théologie qu’Augustin développa contre eux ( Julien d’Eclane prit la suite de Celestius), qu’il doit d’être passé à la postérité.

 

Ces dernières années furent marquées par l’Invasion des Vandales, contre lesquels l’Empire envoya des Goths. Augustin décéda durant le siège d’Hippone par les Vandales, le 28 Août 430.

 

Les œuvres :

 

Son œuvre est immense, amenant même son biographe, Possidius, à se demander si « un seul homme pourrait tout lire et tout connaître  » :

 

  • 113 traités , dont La Cité de Dieu, De Trinitate,…
  • 218 lettres
  • Plus de 500 Sermons
  • …..

 

Un grand nombre de ses écrits répond à l’instantanéité, Augustin souhaitant répondre à un débat, apporter une précision,.. ;Aussi, ses traités ont-ils été longs à être rédigés dans leur totalité. Répondant à certains, attaquant d’autres (Païens, astrologues, juifs,..), AUGUSTIN n’ a ignoré aucun sujet, prouvant sa curiosité. Responsable de l’éducation « chrétienne » de son peuple en tant qu’évêque, il a écrit de petits traités de théologie morale : Sur le Jeûne, Sur le mensonge, Sur la Virginité, Sur le culte des morts ; Sur le bien du mariage,… , mais aussi des traités de catéchèse (De cathechisandis rudibus,…). Du reste, son De la doctrine Chrétienne influencera une bonne partie du Moyen Age et ses « guides », comme ERASME. En outre, et surtout, AUGUSTIN voit dans l’Ecriture Sainte la source de toute la doctrine chrétienne et il ne cesse, comme tous les Pères de l’Eglise, de la commenter, l’expliquer,….

 

La pensée :

 

La pensée d’Augustin a évolué au cours des années, tout comme il invite ses lecteurs à « évoluer » avec lui. De sa jeunesse, il conservera la théorie (néo – platonicienne) de la théorie d’une hiérarchie des êtres, au sommet de laquelle se place l’Etre qui « seul est » : Dieu. Si la foi cherche Dieu, c’est l’intelligence qui le trouve. Aussi affirme-t-il Intellige ut credas (Tu dois comprendre pour croire), et pour comprendre Augustin va chercher dans ce qui a été créé à l’image et à la ressemblance de Dieu : l’Homme.

 

Dans son traité Sur la Virginité (15 livres rédigés entre 399 et 419), il essaie de comprendre le mystère d’un Dieu en trois personnes (nous sommes quelques années après les grands conciles du IVème siècle, rédigés en lutte à l’hérésie arienne). Sachant ne pas pouvoir éclairer un mystère, Augustin nous entraîne néanmoins à la découverte de rythmes tertiaires partout autour de nous. Augustin invite donc ici le peuple à évoluer avec lui. D’un autre côte, Augustin s’oppose au pélagianisme, car sachant que l’homme seul est pécheur, il ne peut rien (alors que les disciples de Pélage laissent une grande place au libre arbitre). Reprenant la lutte entre caro et anima, la chair et l’esprit, chère à Saint Paul, Augustin savait l’importance du choix de l’Homme tout en affirmant que ses efforts n’étaient pas suffisants, mais qu’il fallait recourir à la Grâce de Dieu.

 

C’est moi qui voulais et c’est moi qui ne voulais pas, oui c’était bien moi.

 

(Des Confessions. Livre VIII)

 

Comme pour les êtres, Augustin adhère à la hiérarchisation des causes ; ainsi, la grâce, qui n’est que l’amour de Dieu, émane de la volonté, elle-même issue du libre arbitre (indispensable mais non suffisant, comme nous l’avons vu ci – dessus). Mais alors, est – ce l’Homme ou Dieu qui veut et décide ? Le célèbre évèque explique l’existence de forces secrètes, indépendantes de notre volonté, pour toutes nos décisions. Il s’agit, à n’en pas douter, de l’œuvre de Dieu . Mais, répondant aux critiques, il nous explique, que le libre arbitre existe bel et bien, puisqu’il nous mène seul au Mal, alors qu’il n’est pas suffisant pour parvenir au Bien. Et recourir à Dieu pour se libérer du Mal reste une forme de libre arbitre selon Augustin.

 

Enfin, en rédigeant sa Cité de Dieu (entre 415 et 427) , AUGUSTIN réagit à la prise de Rome par les Wisigoths en 410 . « La ville qui avait conquis l’univers est à son tour conquise ». Soulignant le caractère pénitentiel de ces malheurs de l’Histoire, Augustin y voit la punition de toutes les exactions commises, soulignant le choix du mal (par le libre arbitre). Car l’histoire s’inscrit bien entre les deux poles : L’homme vient de Dieu, et avec s grâce il doit retourner à lui. Il montre donc, que les Romains, ne recherchant que des biens terrestres, n’ont reçu que des biens passagers, et en voulant tout régler et organiser, la cité a rejeté Dieu . Condamnation de cette puissance de l’Empire, donc Augustin en arrive , dans son Livre XIV, à sa formule principale :

 

Deux amours ont bâti deux cités. L’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu, la cité terrestre. L’amour de Dieu, jusqu’au mépris de soi, la cité céleste. . L’une se glorifie en elle – même ; l’autre dans le Seigneur.

 

Comme le démontre l’exemple romain, la cité terrestre exclut Dieu de la finalité existentielle, alors que sans en ^tre l’antithèse, la cité céleste rassemble les Hommes vivants selon la loi de Dieu, et réaliste, Augustin fait cohabiter ces deux cités au cœur de chaque homme, de chaque société…

 

 


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